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Livre sterling : premier bilan post-Brexit

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À l’équilibre depuis l’entrée en vigueur provisoire de l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Union européenne le 1er janvier 2021, la livre sterling (GBP) n’en demeure pas moins en baisse de plus de 17% face au franc suisse (CHF) depuis le 23 juin 2016, date à laquelle 51,9% des citoyens britanniques s’étaient exprimés par…

À l’équilibre depuis l’entrée en vigueur provisoire de l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Union européenne le 1er janvier 2021, la livre sterling (GBP) n’en demeure pas moins en baisse de plus de 17% face au franc suisse (CHF) depuis le 23 juin 2016, date à laquelle 51,9% des citoyens britanniques s’étaient exprimés par référendum en faveur du “Leave”.

Or, s’il était jusqu’ici difficile d’aborder le sujet du Brexit sans se heurter à de grandes inconnues, il est aujourd’hui plus facile d’établir un premier bilan de la situation et de tirer les premiers enseignements de ce scénario inédit.

À l’heure où la chimère du Brexit est, depuis près d’un an déjà, devenue une réalité, prenons donc un moment pour analyser la nouvelle donne économique à laquelle les entreprises britanniques et européennes sont désormais confrontées.

Un accord commercial historique

Le 24 décembre dernier, au terme de quatre longues années riches en rebondissements et particulièrement volatiles sur le marché des changes, les négociateurs de l’Union européenne et du Royaume-Uni se sont accordés in extremis sur un accord de libre-échange de 660 milliards de livres sterling par an.

En ratifiant cet accord de commerce et de coopération de plus de 1000 pages, Ursula von der Leyen et Boris Johnson ont donc évité le “no deal” et ses conséquences potentiellement dommageables pour les deux zones économiques, déjà profondément touchées par la crise du Covid.

S’il est bien évidemment difficile de résumer un texte juridique d’une telle envergure, il reste néanmoins possible d’en faire ressortir les 5 grands points suivants :

  • le retour des douanes (sans droits de douane ni quotas) oblige de nouveau les entreprises européennes et britanniques à remplir plusieurs déclarations, comme tel était le cas en 1993 avant la création du marché unique européen ;
  • l’encadrement des règles de la concurrence a pour but d’éviter toute pratique déloyale dite de “dumping” économique, fiscal, social ou environnemental ;
  • la suppression du passeport financier empêche les services financiers de commercialiser leurs produits dans la zone économique voisine sans passer par la création d’une filiale (de quoi pénaliser la City, premier centre financier d’Europe) ;
  • la fin de la liberté de circulation empêche désormais la libre circulation des Britanniques et des Européens d’un territoire à l’autre, les expatriés déjà présents sur le territoire conservant toutefois leurs droits de résidence et de travail ;
  • la baisse des quotas de pêche oblige les Européens à rendre progressivement 25% de leurs quotas dans les eaux britanniques au cours des 5 prochaines années.

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Des incertitudes encore fortes

Si les célébrations des deux camps signataires de cet accord commercial historique pourraient faire oublier la dureté des conséquences économiques du Brexit, ces dernières restent bel et bien réelles.

D’après les estimations moyennes des économistes, le retour des frontières pourrait, malgré les différentes mesures de coopération mises en place, coûter 4 points de PIB par an au Royaume-Uni à horizon 15 ans.

Qui plus est, si l’accord de commerce et de coopération signé fin décembre représentait effectivement le principal défi de la coopération britanico-européenne post-Brexit, de multiples accords secondaires doivent encore être négociés à ce jour.

De l’aveu même de Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne, les frictions entre Londres et Bruxelles devraient ainsi être la nouvelle norme en raison du rapport de force désormais clairement établi entre les deux zones économiques.

Quelques semaines à peine auront ainsi suffi à Boris Johnson pour instaurer la tenue d’une réunion trimestrielle avec une trentaine de grands chefs d’entreprises britanniques telles que BlackRock, Tesco et HSBC, afin d’étudier les opportunités d’assouplissement de la législation britannique. Or, si une telle mesure est avant tout présentée par les Britanniques comme une façon d’accélérer la sortie de crise de leur économie, celle-ci passe pour certains députés européens comme un premier affront aux règles anti-dumping de l’accord.

Enfin, au-delà des conséquences économiques, le Brexit représente pour le Royaume-Uni un événement politique majeur dont il reste encore difficile de mesurer toutes les conséquences. 

Pour s’en convaincre, il suffit par exemple de voir à quel point les questions concernant la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord avaient dans un premier temps cristallisé les débats, avec la crainte d’un retour des frontières entre les deux territoires. Ou plus récemment encore, de prêter l’oreille aux déclarations de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, pour qui le temps serait venu pour l’Écosse de devenir une “nation européenne indépendante”…

Si le premier chapitre du Brexit s’est bel et bien achevé en fin d’année, son histoire n’est pas terminée pour autant, et l’année 2021 pourrait donc tout à fait réserver quelques rebondissements sur le marché des changes.

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