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L’euro face au rebond de l’inflation

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Publiés en ce début de mois de février, les chiffres officiels de l’inflation concernant la zone euro ont surpris la Banque centrale européenne (BCE) et l’ensemble des acteurs du monde économique en défiant les prévisions. Après des mois d’inflation négative, le mois de janvier affiche en effet un taux positif. Or, ce rebond pour le…

Publiés en ce début de mois de février, les chiffres officiels de l’inflation concernant la zone euro ont surpris la Banque centrale européenne (BCE) et l’ensemble des acteurs du monde économique en défiant les prévisions. Après des mois d’inflation négative, le mois de janvier affiche en effet un taux positif.

Or, ce rebond pour le moins inattendu est susceptible de compliquer la tâche de la BCE dans le cadre de son plan de relance. Et pour cause, annoncé le 21 juillet dernier à hauteur de 750 milliards d’euros, ce plan exceptionnel (faisant littéralement déferler des tombereaux de liquidité sur les nations européennes) nécessite des taux au plus bas sur la durée pour être mené à bien.

Si les prix repartent à la hausse plus tôt et plus rapidement que prévu, qui sait comment la BCE pourra poursuivre sa stratégie de relance sans étrangler les économies européennes ni provoquer d’importantes fluctuations sur le marché des changes ?

Une reprise de l’inflation pour le moins inattendue

Le mercredi 3 février dernier, l’Office européen des statistiques Eurostat publiait le taux d’inflation annuel de la zone euro pour le mois de janvier. Calculé aux normes européennes IPCH, le taux était annoncé à +0,9%, contre -0,3% pour le mois de décembre, soit le premier taux positif au cours des cinq derniers mois, en plein cœur de l’épidémie de Covid-19.

Une montée soudaine des prix défiant les estimations des analystes qui prévoyaient un taux à seulement +0,3%. Plus significatif encore : l’inflation sous-jacente, mesure ne prenant pas en compte les prix très volatils de l’alimentation, du tabac, de l’alcool et de l’énergie, s’élève à +1,4% pour le mois de janvier, son niveau le plus haut au cours des cinq dernières années.

Cependant, des facteurs purement techniques semblent pertinents pour expliquer cette évolution de l’inflation au sein de la zone monétaire unique. C’est en effet principalement en Allemagne (+1,6%) et aux Pays-Bas (+1,7%) que cette augmentation des prix est constatée ; l’inflation annuelle mesurée en France (+0,8%) et en Italie (+0,5%), bien que positive, étant de moindre ampleur.

Or, la hausse des prix en Allemagne est principalement due à la fin (ce 1er janvier) de l’allégement temporaire de la TVA mis en place au mois de juin dernier, dans le but de soutenir la demande germanique suite à la première vague de coronavirus.

De leur côté, les Pays-Bas soulignent quant à eux l’augmentation des taxes sur le carbone et l’énergie pour expliquer la montée des prix, tandis que le report des soldes d’hiver est évoqué en France et en Italie.

Enfin, les nouvelles pondérations utilisées par Eurostat afin de calculer le taux d’inflation n’étant pas encore bien connues, elles pourraient elles aussi expliquer les chiffres élevés annoncés en ce début d’année.

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La BCE maintient le cap

Malgré tout, les taux d’inflation annoncés restent encore bien inférieurs aux +2% (objectif officiel de la BCE jamais atteint au cours des dernières années) au-delà desquels une hausse des taux directeurs deviendrait nécessaire.

Pour l’heure, la Banque centrale du Vieux continent prévoit toujours une inflation à +1% en 2021, +1,1% en 2022 et +1,4% en 2023.

Christine Lagarde, actuelle présidente de la BCE, a d’ailleurs exprimé sa volonté de maintenir le plan de relance exceptionnel et les mesures de soutien au crédit et à l’économie au cours des mois à venir, afin de permettre aux États membres de traverser la crise. Selon ses propres termes, les pressions inflationnistes devraient ainsi “rester modérées en raison de la faiblesse de la demande, des faibles pressions salariales et de l’appréciation de l’euro”.

La BCE s’empresse donc de tempérer l’inquiétude des marchés face à cette hausse ponctuelle des prix, et souligne l’importance capitale de conserver des conditions de financement favorables dans le contexte actuel. Une communication qui semble efficace étant donné la faible réaction des marchés et de l’euro face au rebond inflationniste.

En effet, la monnaie unique est demeurée relativement stable sur le marché des changes lors de la publication des données d’Eurostat, pour finalement perdre -0,23% face au dollar américain un peu plus tard dans la journée. L’appréciation récente du billet vert ainsi que l’arrivée au pouvoir de Mario Draghi en Italie expliquent sans doute cette solidité du marché.

Rebond technique bien plus que reprise inflationniste de fond, la soudaine montée des prix au sein de la zone euro pendant ce mois de janvier ne menace donc a priori ni le bon déroulement du plan de relance européen, ni le cours de l’euro à court terme.

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