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Italie : l’ex-patron de la BCE accueilli comme le Messie

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Explosion de la dette publique, perte totale de confiance envers la classe dirigeante, partis fortement eurosceptiques en première ligne du gouvernement… Les soubresauts politiques et économiques de l’Italie donnent depuis quelques années déjà des sueurs froides aux cadres de l’Union européenne et génèrent bien des turbulences au sein de la zone euro. Pour renverser la…

Explosion de la dette publique, perte totale de confiance envers la classe dirigeante, partis fortement eurosceptiques en première ligne du gouvernement… Les soubresauts politiques et économiques de l’Italie donnent depuis quelques années déjà des sueurs froides aux cadres de l’Union européenne et génèrent bien des turbulences au sein de la zone euro.

Pour renverser la tendance en ce début février, alors que la troisième économie de l’UE est aussi la plus touchée par la crise sanitaire mondiale due à l’épidémie de Covid-19, le président Sergio Mattarella vient de faire appel à l‘ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, afin de former un nouveau gouvernement dont l’ambition sera de redresser la barre “coûte que coûte”.

Précédé par sa réputation de “sauveur de l’euro”, le haut fonctionnaire est largement plébiscité, tant par les Italiens que par les dirigeants de l’UE, et l’annonce de son arrivée a déjà déclenché une vague d’optimisme sur le marché des changes.

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Un contexte particulièrement difficile

Ces dernières années, l’Italie a accumulé une dette nationale absolument colossale, s’élevant à près de 2 600 milliards d’euros à la fin de l’année 2020, soit 158% du PIB national italien (deuxième ratio le plus important de toute la zone euro juste derrière la Grèce dont les grandes difficultés en la matière persistent).

Depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus, la péninsule italique affiche par ailleurs une chute très inquiétante de son PIB de l’ordre de -8,9%, signant ainsi la pire récession économique de la zone euro. Quant aux prévisions de croissance pour 2021, tout d’abord annoncées à +6%, celles-ci sont finalement désormais révisées à +3% seulement.

À ces chiffres alarmants s’ajoute enfin la perte de plus de 440 000 emplois. Un bilan pour l’heure encore largement sous-estimé, la Loi de Finances 2021 interdisant encore aux dirigeants d’entreprises de licencier des salariés pour motif économique jusqu’au 31 mars 2021. Les observateurs craignent ainsi la perspective d’un million de chômeurs supplémentaires au cours des mois à venir…

Inutile de préciser que ces données économiques inquiètent non seulement les entreprises et les investisseurs, mais aussi les cadres de l’UE et les dirigeants des principaux pays membres. D’autant plus que les relations entre Bruxelles et Rome se sont particulièrement tendues depuis l’arrivée au pouvoir du Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo, rejetant la démocratie représentative et les élites de tous bords, notamment européennes.

Incapable de mener à bien le plan de relance de 223 milliards d’euros proposé par l’UE et les réformes structurelles exigées par la Commission européenne, le gouvernement divisé et démissionnaire de Giuseppe Conte a finalement fait appel en dernier recours, à celui qui pourrait être l’homme de la situation : Mario Draghi.

L’espoir suscité par l’homme providentiel

Gouverneur de la Banque d’Italie de 2006 à 2011 et président de la BCE de 2011 à 2019, Mario Draghi s’est vu confier les rênes du pays, autant des vœux de toute la nation italienne (y compris du M5S antisystème !) que de ses principaux partenaires. Plébiscité pour son expérience sans commune mesure et sa réputation internationale, le haut fonctionnaire et ancien banquier incarne une figure d’unité salvatrice.

Reconnu pour son très haut niveau de technicité, sa discrétion et sa détermination, l’homme à qui l’on devait déjà le sauvetage de l’euro en 2011 alors que la crise de la dette faisait rage doit à présent sauver l’Italie, en commençant par mener à bien le plan de relance qui avait mis ses prédécesseurs en échec.

En faveur d’une augmentation de la dette afin d’éviter la catastrophe redoutée de tous, “Super Mario” est sur la même longueur d’onde que les instances dirigeantes de la BCE et de la Commission européenne. Fin connaisseur des rouages bruxellois, Mario Draghi pourrait travailler pour la restructuration de la dette italienne, lui qui a déjà déclaré distinguer la “mauvaise dette”, allégrement détournée à des fins purement politiques, de la “bonne dette”, entièrement dirigée à des fins productives pour la nation et ses partenaires.

Suite à l’annonce de son arrivée en tant que chef d’un gouvernement réformé et entièrement composé de profils d’un haut niveau technique, les chefs d’entreprise et les investisseurs ont eu un large regain d’optimisme. Considéré comme la personne la mieux placée pour redresser la nation italienne, Mario Draghi incarne la stabilité et le sérieux que le monde économique attendait.

C’est ainsi que la Bourse de Milan a clôturé sa séance en hausse avec l’indice Milano Italia Borsa (MIB) en progression de +2,09%. Dans le même temps, le marché obligataire a lui aussi montré de premiers signes positifs, tandis que les taux italiens se sont clairement détendus. Les prémices d’un nouvel espoir pour l’Italie, pour les marchés européens, et pour l’ensemble de leurs partenaires commerciaux !

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